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La loi « bien vieillir » adoptée, mais le gouvernement ne prend plus l’engagement d’une grande réforme

Plutôt « trente millions d’amis » à contenter que des milliards d’euros à débourser. Elisabeth Borne, alors première ministre, avait promis en novembre 2023 une « loi de programmation » financière pour la prise en charge du grand âge d’ici à la fin 2024. Par ces temps de diète budgétaire imposée par Bercy, Gabriel Attal n’a pas les moyens d’honorer la promesse de sa prédécesseure. Pareille réforme nécessiterait de dégager près de 10 milliards d’ici à 2030, avait calculé, en 2019, l’ancien directeur de la Sécurité sociale, Dominique Libault, auteur d’un rapport au gouvernement.
Mais comment assumer de renier une nouvelle fois ce serment ? Emmanuel Macron, en 2018, s’était engagé à porter une loi pour le grand âge. Le chef de l’Etat en avait fait encore la promesse en 2022. Ses ministres successifs avaient repris le dessein présidentiel, resté lettre morte jusqu’à ce qu’Elisabeth Borne, aiguillonnée par Aurore Bergé, alors ministre des solidarités, parvienne à convaincre les parlementaires d’y croire à nouveau.
Le gouvernement a cru pouvoir faire diversion en sortant un lapin de son chapeau. En l’occurrence, l’engagement que « les chiens, les chats, les poissons rouges, le petit canari », s’est félicitée, le 1er mars, Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des personnes âgées et handicapées, seraient autorisés en Ehpad. Même s’ils le sont déjà, ils doivent l’être davantage, tel est le projet.
Mardi 19 mars, à la tribune de l’Assemblée nationale, Mme Khattabi s’est de nouveau réjouie « de la place que nous donnerons à ces animaux de compagnie » dans les maisons de retraite. « La présence d’un animal maintient le lien social, a-t-elle plaidé. Elle peut même contribuer à réduire la prise de médicaments et à retarder les effets du vieillissement. »
Mme Khattabi s’exprimait à l’occasion de l’examen de la proposition de loi « bien vieillir » portée par la majorité macroniste. En discussion au Parlement depuis dix-huit mois, le texte dispose dans sa version finale soumise à l’Assemblée nationale que les animaux de compagnie seront désormais autorisés dans les Ehpad sous certaines conditions, qui seront précisées par décret.
L’affaire n’allait pourtant pas de soi au départ. Ouvrir les Ehpad aux animaux de compagnie est une idée portée à l’origine par Philippe Juvin, député (Les Républicains, LR) des Hauts-de-Seine. Corapporteuse du texte, Laurence Cristol, députée (Renaissance) de l’Hérault, s’y était opposée en première lecture. L’amendement a toutefois alors été adopté par les députés.
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